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Amoureux des livres et rêveur créatif, il a su exploiter son imagination au maximum. Preuve en est : du haut de ses 24 ans, Joffrey se...

Amoureux des livres et rêveur créatif, il a su exploiter son imagination au maximum. Preuve en est : du haut de ses 24 ans, Joffrey se lance dans une nouvelle saga en 7 tomes. Avec ses inspirations diverses, il parvient à aspirer son lecteur dans un univers hors du commun aux enjeux déjà prometteurs. Au cours de cette quête vers une écriture dans la lignée du légendaire Tolkien, les amateurs du genre fantasy applaudiront le travail colossal d’un grand consommateur de livres, séries et films… Mais que se passe-t-il vraiment dans la tête d’un artiste aussi prolifique et lié à la communauté geek ? Une interview permettra sans doute de lever légèrement le mystère…

 

Bonjour, Joffrey ! Présentez-nous brièvement votre parcours d’auteur, et dites-nous-en plus à votre sujet, avant d’évoquer votre republication du Réveil d’Entropia

 

Je me nomme Joffrey Lebourg et j’ai 24 ans. Cela fait 13 ans que j’écris et 8 que je suis publié. J’ai commencé par l’autoédition, comme beaucoup d’auteurs, avant de pouvoir conclure un partenariat avec un éditeur fiable comme Des auteurs des livres. J’ai toujours vécu dans mon imaginaire, souffrant d’une réalité trop banale. Je lis énormément depuis un très jeune âge, ce qui a alimenté mon univers au fil des années. Mes premiers personnages ont été inventés à l’école primaire, en cour de récréation, puis mes mondes se sont étoffés et d’autres protagonistes y ont pris place. Écrire, c’est vraiment toute ma vie et mon histoire personnelle transparaît derrière mes textes.

 

Le Réveil d’Entropia est le premier tome d’une saga de 7 livres. Cela sous-entend une charge d’étude phénoménale. Travaillez-vous seul ?

 

Effectivement. L’Alkymia est un monde qui a maturé plusieurs années avant que je commence à écrire Les Sept Reliques, et encore aujourd’hui je l’enrichis souvent de petits éléments qui serviront dans les prochaines aventures de Cordélia et de son équipe. J’ai aussi réemployé des travaux préparatoires faits pour mes précédentes séries, typiquement des notes sur les cultures de notre monde (servant de base à toute civilisation inventée) et une énorme liste sur 120 pages de créatures fantastiques présentes dans le folklore de la Terre. Car, je ne manque jamais de le préciser, la quasi-totalité de mon bestiaire « existe » dans les croyances de notre monde et je trouve cela important de le faire revivre dans des œuvres contemporaines, pour qu’il ne disparaisse pas des mémoires.

 

À votre avis, qui est la cible parfaite pour votre série ? Adolescents, jeunes adultes ?

 

C’est cela. Mes différentes séries reflètent aussi mon vieillissement et ma prise de maturité. Si le premier tome est accessible par tout adolescent dès 13-14 ans, je prévois une suite plus adulte et plus sombre, mais sans tomber dans la violence excessive qui est aujourd’hui le fléau de tout livre se prétendant « adulte ».

 

Ce premier tome place en tête d’affiche un trio exclusivement féminin très puissant. Pensez-vous que le genre de la fantasy souffre de clichés sexistes ?

 

Nous en sortons, heureusement, mais cela a été le cas durant des années. Conan le Barbare n’est pas vraiment un modèle pour les générations futures… Même les grands chefs-d’œuvre en sont affectés : Le Hobbit ne contient aucun personnage féminin, Le Seigneur des Anneaux très peu (en comparaison avec les personnages masculins, même si on peut voir Eowyn comme un premier pas vers le féminisme), même Harry Potter est célèbre pour le « syndrome Trinity » par lequel Hermione s’écrase devant Harry alors qu’elle est bien meilleure sur tous les domaines. Et au-delà des livres, les princesses comme Zelda et Peach sont toujours des demoiselles en détresse en attente de leur héros.

J’essaie de me montrer féministe sans tomber dans le contre-stéréotype, qui serait tout aussi dommageable, depuis Les Chroniques des Sang-Mêlé en passant par L’Odyssée de Salamandre et maintenant Les Sept Reliques.

 

Cordélia est une rebelle dans l’âme, héroïne de votre livre. Est-ce que vous vous êtes inspiré d’une femme réelle ou fictive, ou bien de votre idéal, pour cette orpheline de caractère ?

 

Excellente question ! Consciemment non, je ne me suis inspiré de personne, mais il y a des personnages féminins forts qui ont marqué mon passé de lecteur, alors qui sait ? Ellana dans l’œuvre de Pierre Bottero, Raïssa dans Les Sept Royaumes, Vassia dans la Trilogie d’une nuit d’hiver, Kitaï dans Codex Alera… Les femmes fortes commencent à apparaître et c’est très bien !

Cette fille de caractère et rêvant de liberté, oui, c’est sans doute un idéal. La façon dont toutes les femmes devraient être, au lieu d’être broyées par une société encore trop patriarcale. J’avoue néanmoins que Cordélia n’est pas le personnage « parfait » à mes yeux, mais on aime aussi les imperfections de ses héros comme on aime celles des vraies personnes.

 

Seriez-vous d’accord pour adapter votre univers sous format de jeu de rôle, jeu de plateau ou encore jeu vidéo ?

 

Bien sûr ! En créant volontairement un monde qui faisait référence aux jeux de rôle (ce que je n’avais encore jamais fait, car je voulais essayer un autre style, tout simplement), j’ai ouvert la porte à une adaptation. J’ai énormément de « lore » que je pourrais partager avec un éditeur intéressé. Des lieux, des personnages, des créatures, des animaux, des « classes » …

 

Ce premier volet a été réédité auprès d’une nouvelle maison d’édition. Qu’attendez-vous de votre second éditeur ?

 

Nous n’avions rien à reprocher à notre premier éditeur, les Éditions Saint-Honoré, seulement le contrat arrivait à son terme et nous avons choisi de ne pas le reconduire quand l’opportunité de rejoindre une maison plus grande s’est présentée. Cela fait plusieurs années que je suis dans le métier et je cherche vraiment une couverture médiatique et un réseau de distribution, maintenant que mon style est affirmé et que — je pense — il pourra plaire à un large public.

 

La lecture de ce premier tome semble intimement liée à la passion pour le jeu de rôle et les romans de fantasy. Participez-vous à des fêtes ou rassemblements réservés aux rôlistes et aux amateurs de l’esthétique médiévale ?

 

Pas plus que cela, car je reconnais être plutôt solitaire et casanier de nature, mais j’ai déjà fait des évènements rôlistes à l’occasion (et cela n’a pas toujours été de bons souvenirs). J’ai cependant eu l’occasion de jouer à plusieurs RPG vidéos et, combiné à mon amour des romans fantasy, c’est plutôt de là que vient l’inspiration pour l’Alkymia.

 

En mélangeant les époques et les genres dans cet épisode, considérez-vous que votre œuvre soit toujours 100 % catégorisée fantasy ou qu’elle relève plutôt de l’hybride, de l’expérimental ?

 

Difficile à dire. D’expérience d’auteur comme de lecteur, je pense que les catégories ont été inventées et calibrées pour les grands noms de l’imaginaire, donc que chaque autre auteur diverge plus ou moins de ces standards. Nous avons tous notre propre genre. Même si j’ai volontairement tendu la main à la fantasy très classique, façon « quête épique » et jeux de rôle, il y a encore beaucoup de moi et je ne peux résumer mon univers à ses inspirations classiques.

Mon précédent roman (premier tome d’une série suspendue pour le moment), l’Odyssée de Salamandre, est du 100 % expérimental. Avec Les Sept Reliques, j’ai tout de même pris moins de risques, même si ça n’a pas du tout entaché le plaisir que j’ai eu à l’écrire.

 

La fin du premier livre donne envie d’en découvrir plus sur la suite des évènements. Quels sont les ingrédients pour maintenir un lecteur attentif, tout en espérant qu’il restera fidèle aux autres tomes ?

 

Du talent ? Dommage, ça n’existe pas ! De la chance ? Oui, il en faut sans doute un peu. Toute plaisanterie mise à part, je pense qu’il faut avant tout de l’authenticité. Je ne pourrais jamais plaire à tout le monde donc, plutôt que d’essayer d’anticiper les envies de mes lecteurs quant aux personnages et au scénario, j’écris avant tout ce que j’ai envie de voir advenir. Je suis moi-même (d’ailleurs je me livre au travers des questionnements de Cordélia), je ne cherche pas à faire de la démagogie, et je pense que le public le sent. Bien sûr, après le premier jet, il y a un travail à faire sur la « plume » (fluide, pas de trop longs paragraphes, etc.) et sur le choix des termes pour rendre les personnages mémorables, attachants, et il est évident que cela participe aussi. Enfin, même si je ne suis pas adepte du cliffhanger et que chaque tome pourrait presque se lire indépendamment, il faut laisser quelques pistes permettant de supposer ce qui arrivera dans le volet suivant. Une ouverture, mais sans laisser le lecteur frustré.

 

Finalement, ce n’est pas parce qu’on écrit des œuvres appartenant à la fameuse catégorie « imaginaire » que l’on perd la notion du réel. Et ça, Joffrey Lebourg l’a bien compris. Consciencieux dans son travail et sans cesse nourri par des références multiples, provenant de nombreux mondes et supports, il apparaît comme un nouvel espoir dans le paysage de la fantasy à la française. Le premier tome de la saga des « 7 Reliques » s’intitule le « Réveil d’Entropia » : il est disponible aux éditions Des Auteurs des Livres depuis le 28 février 2022.

Pour commander le livre :

https://desauteurs-deslivres.fr/product/les-7-reliques-tome-1-le-reveil-dentropia/